Aliénor & Calypso ♥

Dans mon lit, pensive, je regardais le plafond en me disant qu'il n'y avait pas plus pire comme vie. Être fugitive comportait ses risques et ses misères, ce n'était pas amusant de voir tous les êtres chers disparaître d'un seul coup. Toutefois, c'était mon bonheur que je recherchais et non la sagesse de continuer à vivre comme un soldat de Dieu. Je me rappelle ma fuite, la dernière conversation avec mon père. « Nous étions tous les deux, là devant l'autre. Lui avait l'air peiné, moi j'avais envie de partir. Il s'approcha de moi et me dis : Quel choix égoïste tu feras. C'était les seuls mots qui avaient sortis de sa bouche pendant des minutes qui m'avaient semblé durer une éternité. Puis il me toucha le visage et je compris ce qu'il ressentait, le regret. Le regret de m'avoir créer comme une arme qui était lassée de tout ça. Puis je disparue. »

J'étais désormais abandonnée à moi-même, seule avec les humains. Certes, c'est ce que je voulais, mais était-ce ce dont j'avais besoin ? Si la réponse m'était due, elle allait apparaître un jour ou l'autre. Je ne croyais pas que mon père me recherche, car il devait savoir où j'étais même avec mes efforts. J'étais désolée de la disparition de son enfant, mais pourquoi m'avoir créer, puis me laissé partir après tant d'année ? Cette question était rhétorique et allait le rester, je le savais bien. Il fallait que je sorte de cette pièce, de cet endroit. L'air de Manhattan commençait à me manquer, ces humains insouciants de ce qui se passait sous leur nez.

Je pris une douche rapide, sans penser à rien puis m'attachai les cheveux. Je descendis les marches et arrivai au seuil de ma porte, là où quelques centimètres me séparaient de la rue. Je pensais au seul endroit où je me sentirais bien, libérée, Central Park. Sans réfléchir un instant, je pris un taxi et m'y dirigeai. Le chauffeur fumait et c'est avec soulagement que je sortis de sa voiture. J'étais à l'entrée et déjà là, mon envie de paix était revenue. Je marchai le long de l'allée, croisant des mamans, des couples, des gens perdus. Puis j'entendis de la musique, c'est vers elle que j'allais.

Une jeune fille chantait là avec sa guitare. Je l'écoutais et sentis son odeur, une hybride nephilim ? Pourquoi chanterait-elle là ? N'avait-elle pas autre chose de mieux à faire que de rester là avec sa guitare ? Certes elle avait une belle voix, mais son espèce serait bien déçue de la voir dans cet état avec la guerre qui fait rage. Quand elle eut fini de chanter, j'attendis que les gens se tassent, puis je me dirigeai vers elle.

Que fais-tu ici à chanter hybride ?

La jeune fille du nom d'Allie ne savait bel et bien pas ce que je venais de dire. Savait-elle au moins qui elle était ? J'étais intriguée par sa nature, car une nephilim n'était pas rare certes, mais c'était la première fois que j'en croisais une. J'essayais de ne pas trop faire paraître mon désarroi et ma passion envers celle-ci. Dotée d'une beauté naturelle dont elle n'avait pas l'air au courant et de ses talents inconscients, je cherchais quelque chose d'innocent en elle.

On aurait dit une enfant apeurée et plutôt curieuse. Étais-je en train de me tromper, car elle n'avait vraiment pas l'air de savoir de quoi je parlais. Toutefois, mon instinct ne m'avais jamais tromper, ni même avec mon jumeaux, Mumiah. Ses yeux noisettes me regardais d'un air aussi intrigué que je l'étais. Il fallait sans doute que je lui révèle sa vraie nature si elle n'était pas au courant.

Si le destin me l'avais mis sur ma route, c'était pour une raison et une opportunité comme celle-ci pouvait changer sa vie et même la rendre meilleur. Car je ne crois pas que jouer de la guitare dans Central Park pour récolter de l'argent doit lui valoir une vie de rêve. Elle devait avoir des problèmes financiers. Ah ... l'argent, j'avais toujours détesté cette monnaie d'échange depuis son invention. Il valait sans dire qu'au début c'était amusant, de nos jours on pourrait s'y croire comme dans un Monopoly, mais jouer avec l'argent pouvait nous coûté la vie.

Bref, je décidai de tout lui révéler, ça ou rien ne changerait sans doute pas ma vie à moi. De toute façon je savais que ce que j'allais lui avouer l'aiderais à trouver son chemin et sa vraie personnalité. Je m'approchai et lui touchai une de ses mèches de cheveux pour lui faire comprendre que j'étais inoffensive. De plus, comment pouvait-elle me faire du mal si elle ne savait pas qui elle était ?

« N'aie pas peur, mon enfant. Tu n'as rien à craindre de quelqu'un comme moi, au contraire je veux simplement t'aider. Du moins, si tu es d'accord ? »

Décidément, ce petit jeu était amusant. Elle ne comprenait rien et ses réflexions m'amusaient bien. Allie était une jeune fille douce et n'avait sans doute pas plus de dix-sept ans. J'avais toujours ma main caressant ses cheveux, quel gâchis qu'elle ne sache pas qui elle est, j'étais prête à tout lui révéler, bientôt elle ferait partie de cette guerre qu'elle le veuille ou non.

Je regardais autour pour que personne ne puisses nous voir. On aurait dit qu'il n'y avait que nous deux et que le temps s'était arrêté. Je la pris par la main et l'emmenai loin des regards indiscrets sur un banc de parc inondé par l'ombre d'un grand chêne. Je me tournai vers elle, un peu tendue, mais relaxe pour moi. Comprenant toujours rien, la jeune Allie m'avait demandé comment j'allais l'aider et qui j'étais. Je devais déballé toute la vérité. Lucifer était attiré par les hybrides ces derniers temps et je devais l'empêcher de les avoir tous sous sa garde. Il préparait quelque chose.

« Je vais y aller tranquillement pour éviter de te donner l'envie de partir en courant. T'es tu déjà senti différente des autres et as-tu déjà douté de qui tu étais vraiment ? »

Je la regardais, inquiète de sa réponse, toutefois, je me devais de tout lui dire. Sans même attendre pour piqué encore plus sa curiosité, je repris de plus bel.

« Ton père n'est pas là pour une raison bien précise, mais je ne te dirai rien à part si tu me donnes ton accord pour savoir toute la vérité à ton sujet. »